Après la fermeture de MegaVidéo, on est en droit de se poser quelques questions sur la rapidité et les conséquences d’un partage de la culture aussi rapide. Brett Gaylor, documentariste montréalais remet en question le rôle du droit d’auteur dans l’ère numérique dans son premier film “RiP : remix manifesto”.

Son métrage de 85 minutes se veut la plaidoirie d’une nouvelle adaptation du droit d’auteur pour combattre ce qu’il appelle “le mal du XIème siècle”.

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La culture se construit sur le passé 

Plutôt que de pousser à l’innovation en encourageant les créateurs, comme était son but à l’origine, la loi actuelle sur la propriété intellectuelle entrave leur créativité, de même que le progrès scientifique. Avec un parti pris certain contre la réforme actuelle des droits d’auteur en général, Brett Gaylor dresse le portrait d’Internet, accusé de tous les maux, en mettant en avant l’aspect positif et créatif qui peut en émerger.

Ce documentaire s’intéresse avant tout au domaine de la musique et des Mashups (remixes de musiques) en suivant notamment « Girl Talk » ingénieur biomédical la journée et DJ américain à succès la nuit. Cette dernière pratique bien que reconnu par tous est pourtant totalement illégale, en vertu du copyright.

Le passé essaie toujours de contrôler le futur 

Pour le cinéaste, les lois du Copyright ne sont plus adaptées à notre société actuelle. Elles n’ont pas pris en compte le développement fulgurant de la diffusion de l’information, grâce à l’essor d’Internet. Brett Gaylor donne l’exemple des poursuites intentées contre les particuliers qui ont téléchargé de la musique.

L’absurdité de condamner une mère monoparental du Minosota à payer des amendes atteignant plus de 100 000$ pour l’équivalent de deux disques qui ne lui auraient pas coûté 30$ dans une grande surface.

On retrouve aussi énormément de brevets du côté scientifique, freinant la recherche et les remèdes de nombreux maux pourtant tant attendus. 70 ans post-mortem, voilà ce qu’il faut attendre en moyenne pour exploiter et développer une idée. Malheureusement, certains se protègent bien plus longtemps… Disney en est la preuve !

Nous sommes de moins en moins libre 

Rip-remix-manifesto Les artistes ont pourtant toujours puisé dans les œuvres du passé pour créer. Le groupe Led Zeppelin a ainsi repris un air popularisé par Muddy Waters. Pourquoi ne pas prendre exemple sur le Brésil ? C’est un des rares pays à avoir fait tomber les brevets des médicaments contre le sida afin de soigner plus de personnes.

Cinématographiquement, le film de Brett Gaylor use énormément du collage et de l’animation, dans un montage ultrarapide, qui a nécessité plus de neuf mois de travail.

Il prend également un malin plaisir à détourner des archives ou encore à reconstituer la chanson Imagine, de John Lennon, avec la voix de George W. Bush. Pour déployer son argumentation, il se sert du principe de l’usage loyal des œuvres et de la liberté d’expression.

Il appelle d’ailleurs le public à remixer son film sur le web, qui est en libre téléchargement. Le réalisateur milite pour une plus grande liberté dans les domaines cinématographiques mais aussi artistiques.

Il aurait même pu étendre le sujet aux nouvelles technologies en mettant en exemple le procès d’Apple contre Samsung. Même si l’on peut regretter certaines parenthèses mises de côté, Brett Gaylor arrive à tisser une vaste toile percutante qui ouvre le débat : les droits d’auteurs comme nous les connaissons sont-ils devenus obsolètes ?

Pour créer une société libre il faut limiter le contrôle du passé 

« RIP! a remix manifesto » est un film gratuit de qualité professionnelle qui vous permettra peut-être de changer votre vision des choses sur le rôle du droit d’auteur, d’autant plus qu’il est sous licence libre « Creative Commons » et qu’il est visionnable ultra facilement : Suivez ce lien et regardez le film !

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